Le mot mara, qui signifie repérer dans la langue maasaï, décrit le paysage de petits arbres buissonnants qui parsèment la réserve Maasaï Mara dans l’ouest du Kenya. Bien que cette région soit riche en écosystèmes et qu’elle soit considérée comme le berceau de la civilisation, le mode de vie des habitants de la grande savane kenyane est menacé par des pressions telles que le braconnage, les conflits hommes-faune, la dégradation et la perte d’habitats, et maintenant la COVID-19. Lorsque la fermeture provoquée par la pandémie a paralysé l’industrie du tourisme au début de 2020, le revenu primaire de la communauté masaï vivant et travaillant dans la réserve a brusquement pris fin.
Grâce au Nashulai Maasai Conservancy (Réserve nationale Nashulai Maasai), qui est situé sur 5000 acres de la réserve Maasai Mara, la communauté continue son important travail de conservation. Depuis sa création en 2016, la Réserve se consacre à la conservation de la faune, à la préservation de la culture locale et à la fin du cycle de la pauvreté. L’organisation y parvient en utilisant un système de conservation mixte qui favorise la coexistence des personnes et de la faune par le biais de pratiques traditionnelles de gestion des terres massaï.
Lorsque les activités de conservation ont commencé dans la réserve, les gestionnaires des terres massaï ont démoli les clôtures de l’époque coloniale pour restaurer la savane ouverte. En maintenant la taille des troupeaux de pâturage et en revenant à un calendrier de pâturage saisonnier, le peuple Massaï a déclenché une réaction en chaîne positive pour l’écosystème. Les membres de la communauté massaï sont engagés en tant que scouts pour assurer la surveillance de la conservation et se protéger contre le braconnage illégal. Leur connaissance intime de l’écologie locale et des modèles migratoires de la faune les rendent inestimables dans ce rôle.
Avec la communauté massaï employée et habilitée en tant que gestionnaire des terres, la conservation protège efficacement les ressources culturelles. La construction d’un centre culturel maasaï sera bientôt terminée, permettant à la communauté de célébrer leur culture et d’éduquer les visiteurs sur les Maasaï et leur travail dans la réserve. À une époque où tant de communautés autochtones déplacées ont vu leurs terres et leur culture se détériorer, le programme de conservation est devenu une force de revitalisation.
Il est largement reconnu que les collectivités traditionnelles, et celle-ci en particulier, ont eu du mal à s’adapter aux pressions du XXIe siècle. En vue de la prochaine génération de dirigeants locaux, la réserve met en œuvre des programmes pour les jeunes locaux afin d’éliminer le cycle de la pauvreté. Le projet Nashulai Women Empowerment (Autonomisation des femmes Nashulai), par exemple, permet aux jeunes femmes et aux filles d’accéder à l’éducation par le biais du Mara Learning and Development Centre (Centre d’apprentissage et de développement de Mara). Le projet suscite une conversation dans la communauté sur les avantages de l’éducation, en particulier l’importance cruciale qu’elle joue dans le développement précoce des filles locales. Lorsque la pandémie est devenue une préoccupation mondiale, le tourisme s’est arrêté. La communauté était confrontée à l’insécurité alimentaire car elle dépendait si fortement, environ 90 %, du tourisme par le biais de la réserve. La pénurie de ressources s’aggravant chaque jour, la santé et les moyens de subsistance de la communauté étaient menacés.
En mars 2020, des donateurs engagés sont intervenus pour soutenir un projet de CAF Canada axé sur l’approvisionnement en aliments hebdomadaires de 150 ménages pendant trois mois. Des fonds ont également été alloués à la construction de serres communautaires et de jardins potagers. Le donateur étant à l’écoute des besoins sur le terrain, la réponse a apporté un soulagement immédiat à une communauté subissant les effets de la pandémie. Une campagne d’éducation a également été mise en place pour promouvoir la distanciation sociale et des mesures d’hygiène appropriées pour ralentir la propagation du virus. La campagne a utilisé la radio et les caravanes routières comme moyen de communiquer les mesures de sécurité à la communauté. Enfin, la réserve a pris la mesure unique de transformer le pavillon safari en abri d’isolement temporaire et poste médical. En l’absence d’installations médicales appropriées à proximité, ce bâtiment est devenu une installation cruciale pour la communauté afin de limiter l’impact du virus.
En adoptant une perspective holistique pour préserver l’environnement, le Maasai Nashulai Conservancy a restauré un écosystème menacé. La réserve a utilisé une approche systémique similaire pour relever les défis posés par la pandémie mondiale, ce qui a aidé la communauté à maintenir la richesse de sa culture. C’est un exemple de conservation efficace qui devrait être imité. Les Massaï sont un peuple résilient qui a déjà fait face à des difficultés et, avec le bon soutien, émergera de l’autre côté de la pandémie mondiale en tant que communauté plus forte avec des terres ancestrales intactes.